lundi 23 octobre 2017

Le parc national du Mont Egmont -Taranaki

Pour les amoureux de nature, une visite dans la région de Taranaki passe inévitablement par le parc national du Mont Egmont qui en constitue l'essence et le coeur. Ainsi que le montrent des photos aériennes, les limites du parc forment un cercle quasi-parfait séparant ses forêts des exploitations agricoles qui l'entourent, au pied d'un volcan dont le cône est considéré comme l'un des (si ce n'est "le") plus symétrique(s) du monde. Vieux de 120'000 ans environ, sa dernière éruption date de 1'775 et du haut de ses 2'518 mètres, Tanaraki n'a probablement pas encore dit son dernier mot.

Vue aérienne du Mont Taranaki / Mt Egmont  - Source : Amusing Planet / Photo credit unknown

Au 19ème siècle, la région fut le théâtre de plusieurs guerres causées par l'appétence des colons, sans cesse plus nombreux, qui réclamaient toujours plus de terres alors que les tribus maories résistaient pour tenter de conserver celles qu'ils contrôlaient encore. Malheureusement pour eux, en 1865, dans la foulée de la deuxième guerre de Taranaki et sous prétexte d'imposer la paix, le gouvernement saisit la montagne de Taranaki et les terres environnantes en s'appuyant sur la loi du New Zealand Settlement Act 1863*.


Les colons en quête de terres agricoles, à l'assaut des forêts - Source : Te Ara 

De plus en plus grignotés par les terrains agricoles, les flancs de Taranaki commencèrent à être protégés en 1881 avec la création d'une réserve forestière sur les pentes du volcan dans un rayon de 9,6 kilomètres autour du sommet dont on retrouve la forme circulaire aujourd'hui. La zone fut agrandie un peu plus tard pour inclure les restes de deux volcans voisins plus petits, Pouakai et Kaitake.
En 1900, la réserve fut finalement convertie en Parc National sous le nom de Mont Egmont National Park, le deuxième espace naturel du pays à être ainsi sanctuarisé après Tongariro NP.

Dépossédés de leurs terres les maoris n'en continuèrent pas moins à lutter pour faire rétablir le nom de leur montagne sacrée*. Leur persévérance paya en 1985 quand le New Zealand Geographic Board donna son aval si bien que depuis 1986, Taranaki et Mont Egmont sont tous les deux noms officiels de la montagne. On notera toutefois que l'appellation du parc n'a pas été modifiée pour autant et qu'elle continue d'être réduite à Mount Egmont National Park alors que pour la petite histoire, le nom de Mount Egmont fut attribué par le capitaine Cook en 1770, en l'honneur d'un premier lord de l'Amirauté qui n'en su jamais rien parce qu'il mourut avant d'en être avisé.
  
Pour la visite, le parc dispose de deux zones avec Visitor Center où trouver informations et salles d'expositions, toilettes et boutiques de souvenirs, points de départ de nombreux sentiers balisés de durées et difficultés variables, l'une est accessible par le nord (North Egmont) à proximité de New Plymouth et l'autre à l'est (Dawson Falls East Egmont) du côté de Stratford*, séparés de 60 km l'un de l'autre. Les  salles d'expositions du centre-musée situé au nord sont les plus complètes et les plus intéressantes; elles méritent d'y passer un peu de temps pour apprendre l'histoire de la montagne (des légendes maories à l'époque contemporaine) et découvrir les éléments du milieu naturel qu'elle abrite, faune ou flore.

À l'extérieur, contrastant avec la région agricole qui le cerne, le parc abrite des forêts luxuriantes composées de nombreuses espèces de plantes endémiques, des torrents et une faune riche. Un milieu et des espèces qui s'adaptent, se modifient et se raréfient avec l'altitude.

Du vert et une nature luxuriante - Mt Egmont NP   ©SM

Le jour de notre visite au début de l'automne, le sommet n'a pas daigné se découvrir, que ce soit de la plateforme panoramique nord ....

Taranaki sous les nuages - Vue de North Egmont Visitor Center    ©DM

 ...où plus tard, de l'est, par l'accès de Dawson Falls.

Taranaki dans les nuages - Vue de Dawson Falls Visitor Center   ©DM


Cela n'a toutefois pas gâché les différentes marches que nous avons pu effectuer ce jour là à proximité des deux Visitor Centers, sachant que celles que nous avons trouvées les plus belles se concentrent plutôt à l'est du parc, avec notamment la boucle de Wilkies Pools (1h20) ou celle de Dawson Falls (20 minutes) qui offrent des objectifs d'excursion pittoresques.




Ainsi, le sentier de Wilkies Pools passe par une forêt couverte de lichens et de mousses dûs aux précipitations fréquentes et au fort degré d'humidité. En pénétrant dans cette "goblins forest" (forêt des gobelins/lutins) on a l'impression de faire une plongée hors du temps dans un endroit chargé de maléfices, on pense à Brocéliande et Merlin ou au Seigneur des Anneaux ...

La forêt des "Goblins" - Mt Egmont National Park    ©SM

Ce chemin longe également un torrent (Kapuni Stream) qui dévale de la montagne et qu'on traverse selon les endroits par un pont suspendu ou en sautant de rochers en rochers si le  niveau de l'eau le permet... Avec bien sûr l'objectif de la balade : les bassins de Wilkies Pools creusés par le flux de l'eau formant plusieurs cuvettes en cascade.

Wilkies Pools - Mt Egmont National Park   ©SM

En aval du Visitor Center, les chutes de Dawson (18 mètres) portent quant à elles le nom de Thomas Dawson qui fut le premier européen à les découvrir en 1885. Pour les maoris, il s'agit de Te Rere o Noke (les chutes de Noke) baptisé du nom d'un guerrier qui échappa à ses poursuivants en se cachant derrière le rideau d'eau.

Dawson Falls - Taranaki/Mt Egmont National Park    ©DM

Au final, une belle journée de découverte dans une nature luxuriante même quand on dispose de peu de temps parce que le parc propose une multitude d'options pour les marcheurs de tous niveaux : sentiers de moins d'une heure, entre 1 et 4 h, à la journée ou même sur plusieurs jours quand on a plus de temps et d'ambition.

Notes :
- New Zealand Settlement Act 1863 : cette loi de décembre 1863 autorise la confiscation - sans compensation - de terres aux tribus de l'île du nord dites "en rébellion contre l'autorité de sa Majesté". C'est sous le prétexte de cette loi que les tribus Te Ati Awa perdirent toutes leurs terres de Taranaki.  
- Selon la légende maorie, Taranaki était au départ établi avec les autres pics volcaniques centraux de l'île du nord. À la suite d'une rivalité avec Tongariro avec qui il se disputait les faveurs de Pihanga, Taranki dû s'enfuir en traçant le lit de la rivière Whanganui avant de trouver refuge à son emplacement actuel (Pour les Maoris, les lieux sont vivants et représentent des ancêtres - voir les vidéos youtube - liens ci-après).
- Stratford revendique son nom de baptême donné en l'honneur de la ville natale de Shakespeare (Stratford-upon-Avon) avec des noms de rues rappelant ceux de personnages du dramaturge. Elle est réputée pour sa tour de l'horloge qui possède un carrousel unique en son genre en Nouvelle-Zélande.

Les sentiers à partir de l'accès nord du parc (cliquer sur l'image pour agrandir)   Source : Dpt of Conservation

Les sentiers à partir de l'accès est du parc  (cliquer sur l'image pour agrandir) Source : Dpt of Conservation

Plus d'infos :
Wars in Taranaki - NZ History  ICI
Taranaki Wars - Te Ara ICI  et ICI
Taranaki - The shadow speaks - NZ Geographic ICI
Nota : sur place, les cartes et brochures éditées par le Department of conservation sont payantes mais il est possible de les télécharger gratuitement en format pdf  à partir de leur site :
Brochure et cartes pour la zone North Egmont - Department of Conservation  ICI
Brochure et carte pour la zone de Dawson Falls - Department of Conservation ICI

Vidéos youtube :
A line of volcanos - The birth of Mt Taranaki (2'27)  ICI
The legend of Mt Taranaki (1'52) ICI

Trois semaines sur les routes de Nouvelle-Zélande - Jour 7 (24/03/2017)

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